Talking Heads : Alain Cavalier, cinéaste, Paris

Portrait d’Alain Cavalier par Jean Perret

En discussion avec Jean Perret, critique, essayiste et responsable du Département Cinéma/cinéma du réel de la HEAD – Genève

Après Frederick Wiseman, Partrizio Guzman, Harun Farocki, Allan Sekula et Abbas Kiarostami, c’est au tour du cinéaste français Alain Cavalier d’être accueilli par les Talking Heads !

A l’occasion d’un entretien exceptionnel, Alain Cavalier souhaite parcourir plus de quarante années de son cinéma du point de vue des personnes qu’il a filmées. Celles-ci sont autant de personnages auxquels des acteurs, parfois célèbres, ou des débutants, ou des non professionnels, et des gens pris dans leurs gestes quotidiens, prêtent leur corps, leur visage, leur regard et leur voix – leur présence.

C’est là toute l’histoire du cinéma, celle de rencontres privilégiées, qu’incarne de façon remarquable et singulière l’œuvre d’Alain Cavalier.
« Quand tu ne veux rien, tu reçois » remarque le cinéaste pour expliciter une posture paradoxale, qui consiste à prendre une image, selon l’expression admise, tout en appelant de ses vœux le fait de la recevoir.

De L’Insoumis (1964) avec Alain Delon, corps d’acteur en possession parfaite de tous les gestes de son personnage, à Pater (2011), face à face entre un Président, joué par Alain Cavalier en personne, et un Premier Ministre, auquel Vincent Lindon donne ses mouvements d’humeur et de conscience, ce chemin parcouru par le cinéaste fera le lit de cette Talking Heads.

Alain Cavalier a connu les équipements lourds du cinéma des vedettes, puis les caméras légères des essais à la première personne, il a navigué d’une économie de producteurs avec pignon sur rue à un certain dénuement de l’autoproduction, qui n’est pas misère : son travail est fait de ruptures intensément incarnées (Ce répondeur ne prend plus de messages), d’avancées fictionnelles (Thérèse, René), de récits forcément autobiographiques (La rencontre, Irène), d’expérimentations (ses innombrables « petits films » tels La danseuse est créole…) Toutes ces démarches de création relèvent des pratiques du cinéma considéré comme le champ privilégié de l’essai et par voie de conséquence des risques à prendre.

Un choix d’extraits de films, un inédit, des séquences rares, des moments magnifiques d’une œuvre exceptionnelle vont tisser les fils de cette rencontre.

Et nous reverrons La rémouleuse, un chef-d’œuvre de portrait.

Le Département Cinéma fréquente depuis des années ce cinéma du réel tel qu’inventé par Alain Cavalier ; son invitation à la HEAD - Genève est une occasion rare de poursuivre ces échanges conçus en un récit que nous voulons passionnant.

En lien avec la Conférence, Les Cinémas du Grütli projetteront Le Combat dans l’île de Alain Cavalier, le samedi 15 décembre à 14h30, dans le cadre d’un week-end organisé autour de l’anniversaire de la revue Positif. Plus de détails sur www.cinemas-du-grutli.ch