Faire face : Colloque international Lav Diaz

Lav Diaz © Bradley Liew

L’œuvre cinématographique de Lav Diaz est chevillée au corps du peuple philippin, pétrie des vicissitudes politiques qui meurtrissent le pays, traversée par les conséquences des cataclysmes climatiques qui dévastent l’archipel. Ses plans aux durées peu communes s’arriment aux destinées des opposants, des humiliés, des marginaux et des laissés pour compte. Accompagner les résistances, construire une mémoire collective, partager le temps de l’attente ou encore dessiner des tombeaux cinématographiques pour les disparus et les suppliciés : les fresques tragiques de Lav Diaz s’érigent contre le silence, l’amnésie et le refoulement. Sous-tendus par une violence étatique extrême (loi martiale, exécutions extrajudiciaires, « escadrons de la mort »), ses films mettent en lumière, sans détour, les tyrannies et les férocités de l’Histoire. L’esthétique endurante de ce cinéaste arpenteur transpose les lieux du ban, les forêts reculées, les marges des villes et les terres abîmées en autant d’espaces vécus ou subis, de paysages quotidiens où l’homme habite, s’abrite, s’exile et parfois se sauve. Avec une rage humaniste, Lav Diaz fait face au désastre politique, écologique et éthique, se risquant à raconter ce que l’homme fait à l’homme.

Colloque organisé par Corinne Maury (Université de Toulouse Jean Jaurès), Marcos Uzal et Olivier Zuchuat (HEAD-Genève & Université de Paris 8). Avec le soutien de EDESTA & ESTCA – Université de Paris 8, PLH/ELH – Université de Toulouse, du Fond National Suisse de la Recherche (FNS) et le concours de l’Institut de recherche en art et en design (IRAD).