Le « Grand Atelier » 2024 avait proposé aux étudiant·ex·s de deuxième année Bachelor un atelier documentaire de trois semaines au cœur des périphéries de Lisbonne, dirigé par Basil da Cunha, réalisateur et chargé de cours à la HEAD – Genève depuis 2013, qui filme la Reboleira et sa communauté depuis plus de vingt ans. 

Une cartographie sensible 
Par binômes, les étudiant·ex·s ont réalisé un portrait documentaire d’un·e habitant·e, façonnant une cartographie sensible des quartiers périphériques. Le projet a débuté sous l’impulsion d’António Brito Guterres, chercheur et « dynamiteur urbain », dont le travail éclaire depuis longtemps ces zones d’ombre de la « ville blanche ». Son intervention a permis d’ouvrir une réflexion essentielle sur l’invisibilisation de ces territoires. 

Les premières rencontres avec les protagonistes ont été organisées dans plusieurs quartiers de la banlieue de Lisbonne, accompagnées par l’artiste visuelle et productrice Maíra Zenun. Cette phase a alterné repérages, écriture et premières images, complétée par une formation caméra assurée par le chef opérateur Rui Xavier. 
Les semaines suivantes, sous la supervision de la cinéaste Cláudia Varejão, les étudiant·ex·s ont poursuivi l’écriture et les tournages avec le soutien de Basil da Cunha, Pedro Diniz et Eliana Rosa, travailleur·ex·s sociaux et collaborateur·icex·s de longue date sur le terrain. 

Radiographie d’un moment tournant  
Au cours de ce processus, un événement tragique est venu bouleverser les trajectoires des protagonistes et imprégner les films : le meurtre par la police d’Odair Moniz. Ce drame, survenu en plein tournage, a transformé la collection en bien plus qu’un ensemble de portraits documentaires. « La Ville Invisible » devient la radiographie d’un moment crucial de l’histoire récente du Portugal — un pays qui, trop longtemps, a étouffé la réalité des violences policières dans ses périphéries.  

« La Ville Invisible » sera présenté en première internationale sur invitation du festival DocLisboa, en présence des protagonistes et des étudiant·ex·s, au cœur de Lisbonne. La projection sera accompagnée d’une discussion et suivie d’un concert le soir même, ainsi que d’autres projections et rencontres durant le week-end. 
 
Films d’une beauté remarquable 
« Ce sont des œuvres d’une beauté cinématographique et humaine remarquables », se réjouit Anita Hugi, responsable du Département Cinéma. « Des voix cinématographiques fortes et courageuses, un processus de création fondé sur une collaboration étroite avec les protagonistes : la collection reflète parfaitement l’approche de notre Département Cinéma. » 

Com o mar de Selam Tesfu Michael & Gabriel Berrada (2025, 22’)

Dans le quartier de Fim do Mundo, à Lisbonne, Álvaro, un jeune homme de la communauté cigane, s’apprête à devenir père pour la première fois. À l’approche de la naissance, il se tourne vers ceux qui l’entourent pour comprendre ce que signifie transmettre, protéger et aimer dans un monde où sa communauté fait encore face à l’isolement politique, aux préjugés et à des stigmates profondément ancrés

Entre cães e lobos de Khalissa Akadi & Mathilde Sauvère (2025, 13’)

Dans O Fim do Mundo, l’une des périphéries de Lisbonne, le cœur de Léo est en feu. Lorsque l’assassinat d’Odair Moniz survient, Léo refuse de rester silencieux. Il veut comprendre, agir, venger, transformer. Mais comment commencer une révolution ? Comment faire entendre sa voix ? Entre férocité de vivre, espoirs brûlants, désir de révolte et besoin d’agir, Léo trace un chemin vers la résilience.

Le film Entre cães e lobos a été récompensé par le « Prix du meilleur film d’école suisse » au Festival international du court métrage de Winterthur (Suisse) début novembre 2025.

Solo De Vidro d’Achiraf Djakpa & Jonathan Leggett (2025, 23’)

Kleyton est un jeune adolescent qui aspire à devenir danseur. Junior, quant à lui, rêve de devenir footballeur. Tous deux vivent dans les quartiers périphériques de Lisbonne : Cova da Moura et Reboleira.

No Mundo de Sirak Ghere & Luca Quiero (2025, 14’)

Au volant de sa camionnette aux couleurs de son entreprise, Tiago Melo parcourt les périphéries de Lisbonne pour livrer des œufs. À travers ce métier peu commun, se dévoile un homme au passé difficile qui a retrouvé son chemin, le tout avec une touche d’humour.

Vera de Solveig Carnajac & Julien Monges (2025, 21’)

Vera est le portrait d’une femme qui tente de vivre sa passion pour la musique malgré les difficultés du quotidien : précarité, racisme, travail épuisant.

Xineza de Clélia Baudrie & Noah Chung (2025, 15’)

Ce documentaire retrace le parcours de Xineza, une jeune femme déterminée et puissante. Mère célibataire, elle lutte pour faire entendre sa voix dans le monde exigeant de la musique. À travers son combat quotidien, le film explore les réalités d’une femme noire issue d’un milieu défavorisé, une expérience façonnée par l’espoir, les difficultés et la résilience. Il offre un regard intime sur un chemin semé d’obstacles, porté par une volonté inébranlable de réussir.

Liens  

Article dans « O Publico » : «Estudantes da cinema da Suica filmaram historias dos bairros perifericos de Lisboa»

Communiqué de presse sur le site de DocLisboa 

Grand Atelier 2023-2024 avec Kirsten Johnson