A Berlin pour Fassbinder, 30 ans après sa mort.

Rainer Werner Fassbinder dans «L’Allemagne en automne» (1978)
Samedi 17 et dimanche 18 novembre, les étudiants de troisième année en bachelor cinéma, accompagnés par Cyril Neyrat et Sandra Ferrara, étaient à Berlin pour participer à HANDS ON FASSBINDER, événement en hommage à Rainer Werner Fassbinder pour le trentième anniversaire de sa mort. Conçu et organisé par Saskia Walker et Hannes Brühwiler, rédacteurs de la revue de cinéma REVOLVER, HANDS ON FASSBINDER a consisté en une série de six rencontres, de mai à décembre, chacune adoptant un point de vue particulier sur l’oeuvre du cinéaste. Il ne s’agissait pas tant de rendre un hommage cinéphile à l’icône que de réfléchir à son héritage, à l’usage que l’on peut faire, aujourd’hui, d’une telle œuvre.
Les étudiant-e-s de la HEAD ont participé-e-s à la dernière de ces six rencontres, intitulée « My Fassbinder – Fassbinder et le cinéma international ». L’enjeu était d’interroger des cinéastes contemporains - invités pour leur affinité supposée ou revendiquée avec l’oeuvre de Fassbinder - sur leur pratique et la manière dont elle dialogue avec celle de l’auteur de L’Année des treize lunes. Le plateau était d’une grande pertinence, les échanges très stimulants : étaient présents les Argentins Mariano Llinas et Agustin Mendilaharzu (Historias extraordinarias), l’Américain Lodge Kerrigan (Clean, Shaven), les Portugais Joao Pedro Rodrigues et Joao Rui Guerra da Mata (La dernière fois que j’ai vu Macau).
Pour les étudiant-e-s, le temps fort du weekend fut la rencontre, organisée pour eux par Saskia Walker, avec Juliane Lorenz, dernière compagne de Fassbinder, monteuse de ses films de 1976 à sa mort et présidente de la Rainer Werner Fassbinder Foundation. Son témoignage sur la vie et le travail avec Fassbinder, à rebours des clichés et de la légende, fut une invitation pressante à se replonger dans les films pour en reconsidérer l’héritage.
Des visites de la Gemäldegalerie Alte Meister et de divers lieux de mémoire berlinois ont complété cette plongée, le temps d’un week-end, dans le passé et le présent d’une ville et d’une œuvre cinématographique : de l’une à l’autre, les résonances politiques, esthétiques et historiques n’ont pas manqué.