Talking Heads Nancy Huston

Nancy Huston, Romancière et essayiste, Paris
La Head – Genève a l’immense plaisir d’accueillir la romancière et essayiste Nancy Huston pour une conférence Talking Heads le 15 décembre 2010. Nancy Huston, auteure d’une oeuvre aussi imposante que passionnante, sera en conversation avec Jean Perret, Responsable du Département Cinéma / cinéma du réel de la Head –Genève.
Le réel est sans nom. Le nom « juste » ou « naturel » - d’un objet, acte ou sentiment – n’existe pas.
Nancy Huston Nancy Huston est une référence de la littérature contemporaine. Elle est l’auteure de romans forts, ancrés dans la complexité des liens familiaux et sociaux, dans lesquels différents contextes historiques et culturels sont mis en perspective afin de conférer aux personnages des trajectoires vraisemblables et passionnantes, douloureuses et exaltantes. Tout en explorant la psychologie de ses personnages, elle conçoit des constructions narratives dans lesquelles le récit central et les récits parallèles, décalés, complémentaires, se répondent. Ces architectures aux dimensions musicales donnent à ses romans un élan général qui s’incarne en séquences narratives. Des thèmes principaux et secondaires, des récurrences thématiques et la déclinaison de motifs, ainsi que la distribution de personnages selon une hiérarchie savamment élaborée – qui permettent des avancées, des ruptures et aussi des surprises considérables – emportent le lecteur dans d’intenses plaisirs.
Du Cantique des plaines (1993) à Lignes de faill*e (2006), de L’Empreinte de l’ange (1998) à Une adoration (2003), de Dolce agonia (2001) à son dernier roman Infrarouge* (2010), c’est une oeuvre imposante qui est déployée dans la littérature contemporaine, au plan international, et que Nancy Huston habite autant dans la langue française qu’anglaise. On doit aussi à Nancy Huston des livres destinés aux enfants.
L’essai est également un terrain littéraire de prédilection pour Nancy Huston, un terrain qui l’engage dans des réflexions philosophiques, sociales et culturelles, tout en faisant valoir les traits propres à une culture, une disponibilité, une Weltanschauung féminines ; que l’on pense à Mosaïque de la pornographie (1982), à Tombeau de Romain Gary (1995), à Professeurs de désespoir (2004) et à Passion d’Annie Leclerc (2007), sans oublier Désirs et réalités, Textes choisis 1978-1994.
Sa dernière contribution, L’espèce fabulatrice (2008), nous intéresse tout particulièrement au sein de la Head – Genève et de son Département Cinéma / cinéma du réel, puisqu’il est question de la fiction dans son dialogue immémorial avec le réel des hommes. Le geste fabulateur, qui donne sens aux histoires qui sont les nôtres, au plan intime tout autant que collectif, fait l’objet de ce livre que nous prendrons tout particulièrement à témoin dans cette Talking Heads. Nancy Huston commencera par exposer l’essentiel de ses thèses et réflexions. Puis Jean Perret mènera le dialogue avec elle, faisant état des préoccupations et engagements de la Head – Genève, du point de vue de ce cinéma du réel qui est le sien.
Nancy Huston
Son premier livre, Jouer au papa et à l’amant, paraît en 1979. Il est écrit « directement en français » comme on dit, par une jeune femme née en 1953 à Calgary, en Alberta, Canada. Avant de s’installer définitivement à Paris en 1973, elle aura vécu brièvement en Allemagne avant de déménager avec sa famille dans le New Hampshire, puis à New York, où elle entreprend des études universitaires qu’elle achève à Paris. Elle obtient son diplôme à l’Ecole des Hautes Etudes en 1975 en rédigeant un travail sur le tabou linguistique sous la direction de Roland Barthes. Parallèlement, elle enseigne et publie des articles dans des revues et des journaux de femmes, parmi lesquels Sorcières et Histoires d’elles. Elle anime des ateliers d’écriture et publie régulièrement. En 1982, elle rend public un travail sur les jurons et blasphèmes, Dire et interdire : éléments de jurologie.
Nancy Huston publie alors régulièrement des essais, des romans, des correspondances. Mosaïque de la pornographie en 1982, A l’amour comme à la guerre - Correspondance avec Samuel Kinser, en 1984, Lettres parisiennes : Autopsie de l’exil - Correspondance avec Leïla Sebbar en 1986, Trois fois septembre en 1989, entre autres. Elle écrit en anglais, puis en français Cantique des plaines en 1993, qui se verra décerner plusieurs prix au Canada et en Europe (le Prix Suisse-Canada), comme La Virevolte en 1994, qui fédèrent désormais autour de son travail de fidèles lecteurs. Elle décide d’être la traductrice de ses propres livres entre le français et l’anglais. Des livres pour enfants sont publiés, dont deux écrits avec sa fille Léa, Véra veut la vérité et Dora demande des détails.
Mais Nancy Huston a également partie liée avec le cinéma. Elle écrit en 1978 le scénario d’un court métrage, Histoire d’un soir, et joue son propre rôle d’écrivain dans deux essais documentaires québécois, Sans raison apparente de Jean Chabot et This Wave, an Ocean de Léa Pool.
Aujourd’hui, elle signe régulièrement des textes dans Le Monde, qui sont autant de réflexions lancées en toute indépendance, dont les dernières ont pour titre « L’art éclaire nos lanternes » (Le Monde, 28-29 novembre 2010).
Pour le théâtre, à la demande de Gisèle Salin et Véronique Mermoud, elle écrit Jocaste reine, dont la création fut fêtée le 1er octobre 2009 au Théâtre des Osses, à Givisiez.
Et puis, elle joue du piano, du clavecin, propose des lectures en dialogue avec des performances musicales – la musique fait partie intégrante de la vision du monde de Nancy Huston.